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Arsène Lupin joue et perd (813) téléfilm d’Alexandre Astruc (1981)
Pour une raison mystérieuse, le baron de Kesselbach cherche la trace d’un certain Pierre Leduc. Il a tissé pour cela un réseau compliqué où se mêlent truands et détectives privés.
Alors qu’il attend la visite de l’un de ses acolytes, il a la mauvaise surprise de voir arriver à sa place Arsène Lupin qui le réduit rapidement à l’impuissance et lui fait avouer la combinaison de son coffre au Crédit Lyonnais. Dans ce coffre, les complices de Lupin trouve une cassette pleine de diamants, mais également une feuille de papier sur laquelle sont inscrites les cinq lettres APOON accompagnant ces quelques mots « 1 mètre 75 et petit doigt coupé ».
Le lendemain, le cadavre de Kesselbach est retrouvé sur les lieux et dans la position où Lupin l’avait laissé. Comme il a sur lui la carte du gentleman-cambrioleur, les enquêteurs concluent à la culpabilité de celui-ci. L’inspecteur Lenormand, chef de la sûreté, lui, n’y croit pas.
Le roman-feuilleton, genre décrié tant en littérature qu’au cinéma, est un exercice de style : rythme soutenu, coups de théâtre en cascade et style un peu redondant sont à la fois ses armes et ses attributs propres. Contrairement à une idée largement répandue, le roman-feuilleton, s’il fait partie de la « littérature de gare » facile à lire, demande un certain soin dans son élaboration et dans son écriture.
Quant à son adaptation, que ce soit pour la télévision ou pour le cinéma, il s’agit d’un exercice périlleux sur lequel plus d’un réalisateur s’est cassé les dents.
C’est Alexandre Astruc qui laisse ici les siennes. Dans cette superproduction télévisuelle, tout sent l’opulence : décors soignés, reconstitution d’époque pointilleuse, distribution prestigieuse (de François Maistre à Jacques Dacqmine et de François Perrot à Hubert Deschamps, sans oublier Anton Driffing campant avec sa prestance habituelle un très plausible Guillaume II).
Arsène Lupin, c’est Jean-Claude Brialy qui, vingt ans après, reprend le rôle qu’il avait tenu chez Molinaro (Arsène Lupin contre Arsène Lupin). Il a la prestance du personnage son humour et sa décontraction… jusqu’au moment où Arsène Lupin se sent dépasser par les évènements. Le désarroi du personnage gagne alors l’interprète et le réalisateur, puis le spectateur qui se perd alors complètement entre les affèteries de réalisation et un scénario maladroit.
Du très dense 813 de Maurice Leblanc, Laudenbach et Astruc ont tiré un scénario interminable cumulant bévues et invraisemblances. Et puis, même si le roman est le plus long de la série des romans consacrées au gentleman-cambrioleur, ne pouvait-on faire plus court que ces quelques six heures ?
Certes, on est très loin au-dessus de la nullissime série télévisée dans laquelle le gentleman devenait fat sous les traits falots du médiocre Descrières et l’ambiance très « pré-brigades du Tigre » serait assez réussie sans ce manque de rythme et sans ce scénario qui se prend les pieds dans le tapis.
Et puis ce qui rend Arsène Lupin inadaptable à l’image, c’est qu’il est le roi du « transformisme » et qu’il eut fallu autre chose qu’un vague maquillage et que, par exemple, la mention au générique d’un nom fantaisiste dans le rôle de Lenormand (Jean-Jacques Algarron) pour ne pas reconnaître Brialy-Lupin.
Tous ces défauts agacent et finissent par l’emporter. C’est bien dommage !