13 juillet 2021

Le Comptable d’Auschwitz

 

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The Accountant of Auschwitz (Le Comptable d’Auschwitz)

de Matthew Shoyshet (2018)

Oskar Gröning avait 21 ans et le grade d’unterscharführer (sergent) lorsqu’il fut nommé responsable du triage des biens et des valeurs des déportés de Birkenau au moment même de leur assassinat.

Témoin de tout le processus d’extermination, il sortit de l’anonymat dans les années 70 – anonymat dans lequel il s’était volontairement plongé –, au moment où apparurent les premières thèses négationnistes contre lesquelles il apporta son témoignage.

C’est ainsi qu’il attira l’attention sur lui et qu’il fut condamné le 15 juillet 2015, à l’âge de 94 ans, pour « complicité » dans le meurtre de 300 000 Juifs à quatre ans de prison.

L’effectif de la SS, tous grades confondus, se montait, au plus fort, à 800 000 agents. Seul un huitième de cet effectif fit l’objet d’une enquête entre 1945 et 1946. 6200 furent mis en cause et 124 furent reconnus coupables de meurtres et condamnés.

Le documentaire de Matthew Shoyshet pointe du doigt l’Allemagne d’après-guerre qui traîna franchement des pieds pour faire comparaître des SS mis en cause après de sérieuses enquêtes.

Il faut dire que les juges allemands avaient été nommés par les nazis et pas mal d’entre eux étaient assez « sympathisants ». Et puis, il y avait le problème des deux pays séparés, RFA et RDA.

Car si l’Allemagne avait fait son travail dans les années 50, on ne serait pas obligé après avoir laissé d’authentiques saloperies réellement nazies mourir de leur belle mort dans leur lit d’aller chercher, 70 ans après, des vieillards cacochymes qui « ne se souviennent plus très bien » et qui, à l’époque, étaient trop jeunes et trop « peu gradés » pour avoir fait partie des concepteurs et responsables de « La solution finale » et, par là même, ne pouvaient pas être considérés comme des « criminels contre l’humanité » selon la définition qu’en ont donné les procès de Nuremberg en 1946.

L’argument éculé selon lequel vous ne pouviez pas refuser une mutation dans un camp de concentration et, à fortiori, d’extermination, ne tient pas : on sait qu’aucun SS n’eut jamais à souffrir d’avoir refusé une affectation[1]. « La glorieuse page d’Histoire qui ne sera jamais écrite » comme Himmler qualifiait « La solution finale » ne pouvaient, selon l’entourage du chef de la SS, être exécutée que par des volontaires nazis convaincus… et zélés.

Les « lenteurs de la justice » n’ont pas seulement favorisé la « fuite dans la mort » des vrais responsables, mais elles ont permis à d’autres de jouer sur les handicaps du grand âge, handicaps réels ou simulés dans certains cas comme le simula, pendant son procès, John Demjanjuk, celui qu’on a pris pendant longtemps pour « Ivan le terrible », un ignoble tortionnaire au sein du camp d’extermination de Treblinka, mais qui n’était « QUE » un ignoble tortionnaire au sein du camp d’extermination de… Sobibor.

Il est beaucoup question de Demjanjuk dans ce film consacré à Oskar Gröning qui ne fut pas, lui, un sadique à qui le nazisme offrit l’opportunité d’assouvir ses instincts de sociopathe.

Il est même un peu trop question de Demjanjuk ici et on perd de vue le cas de Gröning.

Le Comptable d’Auschwitz est un documentaire sobre de 95 minutes, ce qui le rend infiniment supérieur à l’interminable « mini-série » de près de quatre heures découpées en cinq épisodes consacré, directement cette fois, à Demjanjuk.[2]



[1] Cela dit, ils pouvaient le craindre, même si la crainte était sans fondement réel. Concernant Gröning, il semble toutefois que, réellement éprouvé par certaines scènes d’horreur auxquelles il assista, il fit une demande de mutation qui fut tout simplement refusée.

[2] The Devil Next Door (Procès d’un bourreau) de Yossi Bloch et Daniel Sivan (2019).

12 juillet 2021

Les Demoiselles du téléphone

 

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Las Chicas del cable (Les Demoiselles du téléphone)

série produite par Ramón Campos et Gema R. Neira (2017-2021)

Alba Romero Mendez, recherchée pour meurtre, décide de se faire engager comme téléphoniste dans la compagnie de téléphone de Madrid sous le nom de Lidia Aguilar Dàvila.

C’est là qu’elle fait la connaissance d’Angeles Vidal, Marga Suárez et Carlota Rodriguez de Senillosa.

Nous sommes en 1926 et ce sont les débuts du téléphone en Espagne. Mais dix ans plus tard, éclate la guerre civile.

Globalement, on peut estimer que lorsque tous les personnages d’une série ne font que des imbécillités, c’est que les scénaristes sont des imbéciles.

Les dialogues sont stupides et le scénario a la finesse d’un câble (comme celui du titre original) d’amarrage. A cette faiblesse du scénario s’ajoute la mollesse de la réalisation.

Naturellement, on a droit à une voix off tout aussi naturellement lourdingue ! Le tout arrosé d’une musique d’ascenseur au kilomètre, mélangé à du pop/rock (syndrome Marie-Antoinette de Coppola ?) nullissime, également au kilomètre.

Le scénario va même jusqu’à jouer sur deux jumeaux, signe d’extrême médiocrité pour les scénaristes !

On peut croire au début qu’on va voir une série sur la naissance du féminisme en Espagne. Mais même s’il en est vaguement question, on est plutôt dans Les Feux de l’amour avec hommes brutaux ou puissants, voire les deux, et femmes dévouées ou intrigantes, voire les deux. J’ai tenu 7 épisodes, puis j’ai abandonné.

Néanmoins, comme il semblait que les dernières saisons se situent pendant et juste après la guerre civile, j’ai tout de même repris la série : effectivement, il y a l’oppression que subissent les femmes et la répression de l’homosexualité (féminine, ici).

Naturellement, les communistes et les anarchistes sont un peu limite, ce qui place la série dans un politiquement correct de façade, même si les vrais salauds restent « quand même » les fascistes de Franco.

Ça devient donc un tout petit peu moins inintéressant à partir de la 4ème saison, mais on est toujours dans un soap à l’espagnole, une sorte de « télénovelas » (à peine) améliorée.

 

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