25 novembre 2020

L'Abolition

 

L'abolition (TV Movie 2008) - IMDb
L’Abolition (2008) de Jean-Daniel Verhaege
En septembre 1971, Roger Bontems et Claude Buffet, détenus à la prison de Clairvaux, tente de s’échapper en prenant deux otages à l’infirmerie de la prison. Lorsque la police donne l’assaut, les deux otages, un gardien et une infirmière sont égorgés.

Buffet assume les meurtres, mais bien que Bontems n’ait pas touché aux otages, il est chargé par Buffet. Le jeune avocat Robert Badinter assure la défense de Bontems.
Après l’exécution de Bontems, Badinter fait de l’abolition de la peine de mort en France son combat.
Jean-Daniel Verhaege nous avait habitués à mieux.
De La Controverse de Valladolid à Galilée ou l’amour de Dieu, en passant par Bouvard et Pécuchet, nous avions les Rolls de ce qu’on appelle les téléfilms. Il faut dire qu’il avait pour le défendre messieurs Carmet, Trintignant, Marielle ou Rochefort.
Ici, il n’y a que le très approximatif Charles Berling qui cabotine outrageusement, hurle, éructe son rôle de Roger Badinter, ce qui est d’autant plus gênant que maître Badinter est toujours vivant et que tout le monde le connaît, y compris dans ses coups de gueule qui n’ont rien à voir avec l’hystérie de son « avatar » télévisuel.
Maître Badinter et la noble cause qu’il a défendue jusqu’en 1981, l’abolition de la peine de mort dont nous lui serons éternellement redevables, méritaient autre chose que l’hystérie d’un mauvais comédien.
La cause était noble, mais on ne retrouve en rien cette noblesse que ce soit dans ce scénario, un tantinet faiblard ou dans l’interprétation un peu molle de ceux qui entourent Badinter-Berling, ce qui le rend encore plus présent et encore plus exaspérant.
Les grandes causes ne font pas toujours des grands films. Ici, la démonstration est sans appel.

Belphégor (Barma)

 

Belphégor - Série TV 1965 - AlloCiné ***

Belphégor (1965) de Claude Barma
Alors qu’il effectue sa ronde dans les salles du musée du Louvre, le gardien de nuit Gautrais aperçoit une ombre dans la « Salle des dieux barbares », très exactement devant la statue du dieu Belphégor. Il tire sur le fantôme qui s’enfuit.
Il fait son rapport le lendemain à sa direction qui semble ne pas le croire.
Mais le soir-même, c’est le gardien-chef Sabouret qui est tué par « le fantôme ».
André Bellegarde, un jeune étudiant, s’intéresse de très-près à cette mystérieuse affaire qui est confiée au commissaire Ménardier.
Colette Ménardier, la fille du commissaire, a rencontré André Bellegarde par hasard et elle est bien décidée à l’aider.
Ça a donc bien eu lieu les 6, 13, 20 et 27 mars 1965, sur la première des deux chaînes de l’O.R.T.F. de l’époque.
Quatre semaines catastrophiques pour les salles de spectacle, les cinémas, les théâtres, mais aussi les restaurants désertés par leurs clientèles respectives, puisque, bien sûr, il n’y avait ni replay, ni possibilité d’enregistrement, à l’époque !
En 1965, les foyers qui possédaient des téléviseurs récents (acquis à partir de 1962) n’avaient le choix qu’entre deux chaînes et je ne sais pas ce que diffusait la deuxième chaîne ces quatre soirs-là, mais il y a fort à parier que ça n’a eu aucun succès.
Comme le film muet d’Henri Desfontaines, ce téléfilm, cette mini-série ou, comme on disait à l’époque, ce feuilleton fut donc divisé en quatre parties :
1.      Le Fantôme du Louvre dure 67mn17 et remplace Le Mystère du Louvre du film de Desfontaines qui durait 61 minutes.
2.      Le Secret du Louvre (68mn54) (ex Le Trésor des Valois - 74mn)
3.      Les Rose-Croix (76mn20) (ex Le Fantôme noir - 77mn)
4.      Le Rendez-vous du fantôme (77mn18) (ex Les Deux polices – 81mn)
Donc 4h43mn pour Barma contre 4h53mn pour Desfontaines.
En réalité, il est très difficile de comparer les deux versions qui ne se ressemblent pas du tout, si ce n’est dans l’argument de base d’un fantôme qui se baladerait la nuit au Louvre.
Chantecoq, « le roi des détectives » chez Desfontaines et dans le roman de Bernède, n’existe plus, mais il est « fondu », si je puis dire, avec l’obtus inspecteur Ménardier qui, ici, monte en grade – il est commissaire – et devient un personnage sympathique, père de Colette qui était précisément la fille de Chantecoq, mais qui est toujours amoureuse de Bellegarde qui ne se prénomme plus Jacques et n’est plus journaliste, mais André, étudiant en physique-chimie.
En revanche, le Louvre télévisuel de 1965 est tout aussi fantaisiste que le Louvre cinématographique de 1927 : juste un exemple, la Victoire de Samothrace est remplacée par… le David de Michel-Ange conservé au Musée de l’Académie à Florence.

Mais même s’il manque la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo ou la Joconde, il ne manque personne du gotha audiovisuel de l’époque… ou presque personne. Il y a surtout François Chaumette dans le rôle du méchant Williams. Mais il n’y a pas « l’autre » méchant des feuilletons O.R.T.F. qui, lui aussi, avait été Williams ou plutôt Sir Williams dans un autre feuilleton Rocambole [1] également adapté d’un roman-feuilleton, mais plus ancien que Belphégor. Et cet « autre méchant », c’était Jean Topart dont on entend quand même brièvement la voix dans le prologue au tout début de la première partie, en pré-générique.

Pour le reste, le casting est impressionnant, y compris dans de tout petits rôles : Palau, Marcelle Ranson, Alain Mottet, Jacques Dynam, Nicole Desailly, Nathalie Nerval, Georges Staquet, Germaine Ledoyen…

Dans les rôles principaux, en revanche, on a un peu plus de gens de cinéma : Muni, Paul Crauchet, René Dary, Sylvie… mis à part François Chaumette comédien de théâtre surtout et, comme je l’ai dit, spécialiste des rôles de méchants à la télévision, inauguré un an avant Belphégor dans Le Chevalier de Maison-Rouge du même Claude Barma d’après Alexandre Dumas.

Les deux jeunes héros (« jeunes premiers » disait-on encore à l’époque) étaient quasi-débutants : Yves Rénier avait tourné dans quatre films dans des rôles secondaires. Il avait joué sur scène et la petite histoire veut qu’il ait précisément joué au théâtre à l’époque de la diffusion du feuilleton et que la salle ait été pratiquement vide les quatre samedis du mois de mars 1965.

Christine Delaroche, en revanche, est une véritable débutante. Elle est maintenant surtout une actrice de doublage à la belle voix rauque et grave que n’avait pas encore Colette Ménardier.

Enfin, la vraie star, c’est, bien sûr, Juliette Gréco dans le rôle de Laurence Borel, puis de sa sœur jumelle Stéphanie Hiquet. Laurence est la « vamp », la femme fatale, un tantinet minaudante. Stéphanie est un peu son contrepoint léger et amusant (« Embrassez-moi, il paraît que j’ai un goût de pomme ! » dit-elle à André).

Les dialogues sont souvent drôles, mais certaines scènes d’action (comme celle de la casse de voitures dans le 3ème épisode) sont un peu poussives.

En revanche, le Paris nocturne est inquiétant à souhait et, naturellement, les scènes du Louvre et du fantôme sont les plus réussies.

Quant à l’image de Jacques Lemare, elle est vraiment superbe.

Totalement fasciné à la première diffusion (j’avais douze ans), j’avais été déçu 20 ans plus tard : trop long, trop dilué, trop verbeux !

Curieusement, cependant, je l’avais acquis en DVD. Et j’en suis arrivé à considérer que ce Belphégor, comme le bon vin, se bonifie avec l’âge.



[1] Une « série » en « trois saisons » comme on dirait maintenant : L’Héritage mystérieux, Les Étrangleurs, La Belle jardinière.

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