24 février 2021

La Petite femelle

 

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La Petite femelle (2020) de Philippe Faucon

Jean Lafourcade, ingénieur pétrolier, demande en mariage Andrée Dubuisson, mais avant d’accepter, celle-ci décide de lui raconter son histoire.

En fait, elle se nomme Pauline Dubuisson. A l’âge de 16 ans, pendant l’occupation, elle devient la maîtresse d’un médecin militaire allemand dans sa ville natale de Dunkerque.

Tondue et condamnée à mort à la Libération, elle est sauvée par son père et fuit Dunkerque.

En 1947, elle est inscrite à la faculté de médecine de Lille où elle devient une étudiante assez douée. Elle fait la connaissance de Felix Bailly, un autre étudiant en médecine, fils de bourgeois qu’elle dépucelle et qui tombe amoureux d’elle. Il veut l’épouser.

Mais elle refuse plusieurs fois. Et elle a plusieurs autres aventures. Felix, dégouté, la quitte.

Pauline va tout faire pour le « récupérer », puis elle le tuera.

Philippe Faucon nous avait habitué à mieux : l’excellente Désintégration et la très fêtée Fatima.

Ici, il nous gratifie d’un téléfilm de type Dossiers de l’écran à propos de l’affaire Dubuisson qui défraya les chroniques judiciaires de l’après-guerre. C’est fonctionnel, sans temps mort et sans talent excessif.

Le scénario nous présente la biographie de Pauline Dubuisson en tranches, comme un docufiction (ce qu’est ce téléfilm au bout du compte) et le dialogue est très « Courrier du cœur ». Tous les personnages sont des archétypes : les parents sont des bourgeois stupides, les copains du puceau sont tous malveillants, l’amie-confidente est à la fois sainte et raisonnable. Quant au puceau lui-même, il est stupide, ridicule et, au bout du compte, complètement salaud.

Il faut bien dire qu’il est difficile de reprendre dans des conditions qui sont loin d’être idéal un sujet de film qui a déjà donné un chef d’œuvre.

Le chef d’œuvre était signé Clouzot et « la petite femelle » se nommait Dominique Marceau, elle était interprétée par Brigitte Bardot qui était alors au faîte de sa gloire et tout le monde tomba d’accord pour dire que ce fut sa meilleure prestation à l’écran.

Ça s’appelait La Vérité et c’était tout le contraire de cette petite chose pas déplaisante, mais pas vraiment intéressante.

21 février 2021

Chambre 2806 : L’Affaire DSK

 

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Chambre 2806 : L’Affaire DSK (2020) de Jalil Lespert

Le 14 mai 2011 à 16h40, la police de l’aéroport John Kennedy de New-York arrête Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds Monétaire International et, très probablement, candidat à l’élection présidentielle française de 2012, à bord de l’avion qui devait le ramener à Paris.

Il est accusé d’avoir séquestré et violé Nafissatou Diallo, femme de chambre à l’hôtel Sofitel dans lequel il occupait la suite 2806.

En France, l’affaire fait l’effet d’une bombe : « DSK » était donné, dans les sondages, comme le mieux placé comme futur Président de la République Française.

La suite 2208, c’est un numéro qui parle à quelques personnes. Si on précise Sofitel de New-York, ça se précise et si ajoute DSK, on a tout dit à tout le monde.

Car on a tout dit (à tout le monde) sur l’affaire DSK dont on nous a abreuvé : on se souvient de l’hystérie sur les chaînes d’information[1]. Une petite anecdote concernant l’une de ces chaînes (et concernant l’affaire DSK…) : les envoyés spéciaux à New York de la chaîne en question faisaient le pied de grue sur le trottoir face à la (luxueuse) maison où logeait « l’inculpé » pour le filmer un bref moment durant lequel il franchirait les trois mètres qui séparait la porte de ladite maison de la portière du véhicule qui devait l’emmener au commissariat pour être interrogé. Et voilà que « l’impétrant » sort de la maison… pendant la coupure pub de la chaîne en question !...

Comme toujours dans le format Netflix (197mn en quatre parties), tout ça est un peu long et surtout très étiré, surtout sur un évènement qui, « intrinsèquement », n’a duré que quelques heures : le délit commis par DSK, son arrestation, ses premiers interrogatoires.

Evidemment, le format permet à Lespert de « prendre son temps ». Il peut ainsi présenter tous les points de vue, ce qui est une force, mais peut aussi s’avérer une faiblesse.

Car le documentaire se veut objectif et, comme c’est impossible, il finit par lui manquer ce dont un documentaire a toujours besoin, un point de vue.

Il n’y a pas de point de vue, mais il y a un sentiment qui domine : quel qu’ait pu être le fond de l’histoire (viol ou machination pour amener une agression sexuel ou un « rapport inapproprié » - c’est ainsi que le qualifia DSK lui-même-) tout ce qu’on peut éprouver vis-à-vis de ce « surdoué de la finance » est à la fois un immense dégoût et un certain soulagement : après tout, nous aurions pu avoir un président qui pensait avec sa bite !

 

 



[1] Dites continues, que j’appelle, moi, chaîne d’information continuellement rediffusées.

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